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Mystères à boire

Poésies et écritures d'un homme du XXIe siècle et sa place à trouver

De Forlen à textouille

Publié le 23 Septembre 2016 par Guillaume Frimaire

Partir

Partir loin comme pour te retrouver

Abandonner tout ici

Oserais-je le dire ? Abandonner cette vie qui ne me rend pas heureux.

Abandonner tout.

Savoir que je ne vais pas te retrouver.

Partir quand-même.

Chercher une place, un village. Un tabac, un loto. Une boulangerie qui sonne.

Avoir la vraie ville ou bien la vraie campagne.

Mais pas cet entre-deux malsain.

Changer sous l’effet de la pluie et du soleil

M’user un peu comme un arbre, au pire un rocher.

Devenir contemplatif.

Et en finir avec cette course

Cette fatigue

Ce travail épuisant et jamais terminé.

Je pense parfois que je vis le plus dur

Parce que tous les cours restent à faire.

Mais quel remède à la bêtise ?

« Absurdité de la jeunesse »

Je m’entends et me dis : déjà vieux?

C’est ce boulot qui me vieillit.

Je pense.

Et si ce sont mes livres

Je suis trop vieux pour ce monde

depuis mes huit ans.

À huit ans sans doute j’étais déjà trop vieux. Sauf que pour moi comme pour d’autres, ça ne s’est pas arrangé avec le temps. Il a coulé sur moi pour me rendre plus solitaire.

Il a dit : "la solitude a pour elle le silence et la pensée. Tu seras bien avec elle." Moi je n’ai rien osé dire, comme toujours. J’ai pensé que je ne la connaissais pas cette solitude. Mais de toute façon je ne pouvais pas faire grand-chose. Alors j’ai laissé la solitude infuser en moi. Il faut dire que c’est allé vite. J’étais à un âge encore tendre et malléable. Et puis j’étais réceptif.

Le temps n’en a pas perdu cette fois. Il m’a rapidement dit que l’étais doué avec elle, la solitude. Et j’ai dit que oui.

À partir de là, je me suis perdu sur plein d’îles. C’est ce que je cherche à raconter dans mes périples en terre de feu. J’ai vécu je crois des années avec une troupe d’acteurs dans un théâtre élisabéthain. J’ai habité un phare peint de blanc. J’ai regardé la mer et bu du café dans une barque au large de l’armorique. J’ai joué de la musique sur la place des villes. J’ai vécu dans le passé, un peu partout. Mon château dans les Vosges aussi bien sûr.

Comme je l'ai dit, j'étais perdu. Il n'y a pas de quoi être fier. Mais j'ai quand-même de bons souvenirs.

Tout ça c’était avant. Avant que tout soit pourri par l’argent.

****

Parfois, lorsqu’il pleut, je frissonne. Même derrière le carreau. Même avec un pull, une tisane à la main… c’est ainsi. Cela fait longtemps que ça dure. Je suis vieux depuis longtemps.

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